Mercredi 10 décembre dernier, Jacqueline Fraysse, députée de la circonscription de Nanterre-Suresnes et Jean-Paul Lecoq, député communiste de Seine-Maritime, ont reçu à l’Assemblée nationale deux représentants Palestinien du Comité populaire du village de Bil’in, lauréats du prix Carl von Ossiestsky pour leur lutte pacifique contre l’édification du mur qui coupe leur village en deux et l’annexion de leurs terres.
Décerné tous les ans à Berlin par la Ligue Internationale des Droits de l’Homme, ce prix qui récompense des actions non-violentes en faveur de la paix a été attribué le 7 décembre dernier à Mohamed Khatib et Abdallah Abu Rahma, qui représentaient le Comité populaire du village de Bil’in, ainsi qu’aux « Anarchistes contre le mur », activistes israéliens qui les soutiennent, pour leur résistance non violente à la construction par Israël d’un mur de séparation. C’est à ce titre qu’ils étaient reçus, accompagnés de Marylin Pacouret et Taoufiq Tahani, du collectif France-Palestine de Nanterre (affilié à l’Association France Palestine Solidarité).
Situé à une vingtaine de kilomètres de Ramallah, Bil’in est traversé depuis quatre ans par un mur qui l’ampute de 60% de son territoire. Face à cette spoliation, les habitants ont organisé une résistance pacifique, soutenus par des activistes israéliens et d’ailleurs. Des manifestations ont ainsi lieu tous les vendredis devant le mur qui ampute leurs terres et depuis 2006, une conférence internationale est organisée qui a déjà accueilli l’Irlandaise Maried Mac Guired, prix Nobel de la paix, Francis Wurtz, député européen ou encore Jean-Claude Lefort, ancien député communiste, ainsi que Luisa Morgantini, parlementaire italienne européenne. La prochaine édition se tiendra en avril 2009.
Mohamed Khatib et Abdallah Abu Rahma ont raconté les difficiles conditions de vie à Bil’in, le harcèlement de l’armée israélienne, la destruction des habitations palestiniennes, l’arrachage des oliviers et la poursuite imperturbable de la construction de nouvelles colonies israéliennes – 10 000 logements supplémentaires depuis la conférence d’Annapolis en novembre 2007. Ces colonies sont reliées entre elles par des routes interdites aux Palestiniens, ce qui morcelle encore plus leur territoire. Plus de 600 check-points rendent les déplacements quasi impossibles.
Pour autant, les villageois de Bil’in maintiennent le cap d’une résistance pacifique. Considérés au début comme des naïfs par les partisans de la lutte armée, ils revendiquent une forme de lutte qui empêche l’amalgame, trop souvent évoqué par les autorités occupantes, entre résistants palestiniens et terroristes. La résistance pacifique, qui s’étend aujourd’hui à d’autres villages de la Cisjordanie comme Nail’in ou Massara entre autres, permet en outre d’associer toutes les couches et tous les âges de la population, ainsi que des militants pacifistes israéliens.
Une position récemment encore confortée par un arrêté de la Cour suprême israélienne qui a demandé une modification du tracé du mur - que l’armée refuse toujours de mettre en œuvre. La médaille Ossiestsky que ces courageux et exemplaires militants ont reçu, confirme également la légitimité de cette stratégie politique.
Jean-Paul Lecoq a salué le courage des villageois de Bil’in et a confirmé que la question palestinienne était au cœur des préoccupations des députés communistes et républicains. C’est par l’affirmation d’une solidarité internationale à la résistance pacifique, a poursuivi le député, que l’on parviendra à pallier l’absence d’échos médiatiques que n’aurait pas manqué d’entrainer une lutte armée.
Jacqueline Fraysse a une nouvelle fois condamné la politique agressive du gouvernement israélien, qui fait des victimes des deux côtés, et est revenue sur le soutien actif des pacifistes juifs, qu’elle juge indispensable et essentiel pour répondre à la propagande des autorités d’Israël et faire grandir l’idée dans la population israélienne de la nécessité d’une résolution politique à ce conflit.
S’exprimant plus tard dans l’après-midi après la déclaration du gouvernement préalable au Conseil européen, Jean-Paul Lecoq a terminé son intervention en rendant compte de la rencontre avec les deux représentants du Bil’in et en affirmant « qu’il ne peut y avoir de perspectives de « rehaussement » des relations [de l’Union Européenne] avec Israël alors que les autorités israéliennes violent, de manière flagrante et permanente, le droit international, que ni les droits de l’homme , ni les engagements pris auprès du « quartet » et de la communauté internationale, ne sont respectés par Israël. »