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Sparte
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Mamère Noël

EELV
Nouvelle Aquitaine

Le 12 janvier 2009,

Israël est devenu victime de son statut d’Etat en guerre permanente contre ses voisins et est en train de créer les conditions de sa perte si elle ne réagit pas. La guerre asymétrique ne profite jamais aux États dominants. Or, Israël s’est fondu dans ce moule d’Etat militaire qui ne voit son salut que dans l’utilisation de la force pure. Pour saisir cette évolution, je voudrais employer ici une métaphore , qui échappe à la logique proche - orientale empêtrée dans la guerre de religions et de civilisations.

Dans l’Antiquité existait une cité grecque, Sparte, toujours en guerre contre les autres cités, qui domina en partie la Grèce pendant des siècles. Trois catégories de population structuraient la société Sparte : une oligarchie, les "Egaux", plutôt démocratique, composée de citoyens - soldats vivant du revenu de leurs terres. La véritable occupation des Egaux était la défense de la patrie et son expansion dans le Péloponnèse. Ils étaient disciplinés, entraînés aux armes et leurs colonnes d’Hoplites imposaient leur loi à toute la région où ils étaient redoutés pour leur organisation sans faille. Une deuxième catégorie, les "Périèques", était composée d’hommes libres qui cultivaient des terres moins fertiles , exerçaient les métiers d’artisans ou de commerçants mais qui ne bénéficiaient d’aucun droit politique en dehors de l’administration de leurs villages et qui n’étaient pas intégrés dans l‘armée. Enfin, la troisième catégorie, les "hilotes", était composée de serfs, attachés à la terre occupée par les Egaux. Non seulement ils ne bénéficiaient d’aucun droit, mais ils étaient massacrés dans des expéditions secrètes, les crypties, qui servaient à endurcir les jeunes gens. La Messénie voisine devint ainsi un territoire occupé par Sparte, jusqu’au IV éme siècle avant Jésus-Christ et ses habitants soumis comme hilotes... Serions nous en train de revivre ce scénario d’une hiérarchie sociale, fondée sur l’expansionnisme et le contrôle de la terre par un corps de citoyens - soldats ? J’ai tendance à le penser quand je vois les terribles images qui arrivent de Gaza au compte - goutte, puisqu’Israël a imposé une censure militaire qui empêche les journalistes d’entrer dans la ville écrasée sous les bombes. Les "périèques" ressemblent aux 20 % d’arabes israéliens qui n’ont pas le droit à l’armée, qui sont suspects et relégués, au point que Tzipi Livni, candidate des centristes aux prochaines élections législatives, se demande s’ils ne pourraient pas, à l’avenir, devenir des citoyens d’un hypothétique Etat palestinien ; c’est-à-dire, expulsés de l’Etat d’Israël où ils sont déjà des citoyens de seconde zone. Quant aux "hilotes", ce sont les habitants de Cisjordanie, de Gaza, ou des camps de réfugiés du Liban, de Jordanie ou de Syrie.

Née de l’aspiration nationale du peuple juif à posséder une terre sur le modèle de l’Etat nation, au lendemain de l’Holocauste, l’Etat d’Israël s’est beaucoup transformé depuis sa fondation en 1948, notamment après "la guerre des six jours", en 1967, date de l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie . Il est devenu une république militaire dans laquelle la démocratie politique est réelle pour les citoyens- soldats, mais restreinte pour tous les autres, qui subissent la ségrégation spatiale, sociale, économique et militaire. Plus le temps passe, plus la contradiction s’approfondit car, malgré le droit au retour pour les juifs du monde entier, le peuple palestinien sera bientôt majoritaire. Cette contradiction engendre une mentalité de forteresse assiégée et une incapacité à enrayer le processus colonial. Ainsi, depuis les accords d’Oslo et, surtout, après l’assassinat de Rabin, le nombre de colons en Cisjordanie est passé de 200 à 400000 . Après cet assassinat, les accords ont été systématiquement violés et une surenchère sécuritaire s’est emparée de la classe politique israélienne toute entière, aidée par les attentas suicides du Hamas. Ce qui mina Sparte fut son refus d’adapter ses structures : la diminution des citoyens de plein-droit se conjugua avec le ralentissement de la natalité et, en conséquence, moins de citoyens-soldats. Au motif de la menace qui pesait sur elle, son impérialisme grandissant engendra son immobilisme.

De même, en refusant de remettre en cause la logique de l’Etat colonial, Israël introduit un véritable Cheval de Troie. Il ne pourra pas gérer longtemps, de manière ségrégationniste, une population plus nombreuse que la sienne sur le même espace. Les inégalités qui en en résultent briseront de l’intérieur un Etat poussé à la fuite en avant, avec des opérations du type « Plomb Durci » de plus en plus violentes. La haine appelant la haine, les extrémistes des deux camps se trouveront sans cesse renforcés dans leur détermination. Briser ce cercle vicieux exiger plus que des Agamemnon bas de gamme, comme ceux qui gouvernent Israël actuellement. Le plus terrible dans cette situation, c’est que l’agression israélienne sape la légitimité de l’Etat Hébreu aux yeux du monde arabe et, en premier lieu, du peuple palestinien. Cette légitimité avait été acquise grâce au processus de paix et à la reconnaissance commune de l’OLP et de l’Etat d’Israël. Après Gaza, il faudra reprendre ce travail de Sisyphe, mais il est fort possible que, cette fois, le Hamas devienne pour longtemps le nouvel interlocuteur de l’Etat d’Israël. Triste bilan pour ces pompiers-pyromanes ! Pour l’heure, il faut tout faire pour que cesse le carnage. En ce sens, je salue la délégation de neuf députés européens, dont la présidente de la sous-commission des droits de l’homme, mon amie Hélène Flautre. Dimanche, elle a réussi à s’introduire dans Gaza, par l’Egypte et a pu témoigner, de visu, des « dégâts collatéraux » qui ont déjà fait plus de 900 victimes, dont 275 enfants et plus de 4000 blessés. Ces neuf là sauvent l’honneur d’une Europe qui, en décidant il y a quelques semaines de renforcer les accords de coopération avec Israël lui a donné une caution inespérée pour mener sa sale guerre contre Gaza.

Je salue également le courage des israéliens anti-guerre, ces pacifistes qui manifestent tous les jours dans les rues de Tel - Aviv pour s’opposer au carnage en cours. Ils sont l’honneur d’Israël. Ce sont eux qui défendent à long terme les intérêts de l’Etat d’Israël et de sa sécurité. Ils sont la conscience d’Israël, celle qui l’empêchera de sombrer dans la honte et de connaître le sort de Sparte. La ville ne fut pas détruite. Pire, elle sombra dans un lent déclin. Ce n’est pas ce que nous voulons pour Israël et pour son peuple.

- http://www.noelmamere.fr/article.ph...



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