M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Monsieur le président madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, depuis trois semaines, le monde assiste à un désastre humanitaire dans la bande de Gaza. Cet épouvantable gâchis constitue un retour en arrière de plusieurs années : les espoirs d’Annapolis se sont envolés, les tentatives de rapprochement israélo-syrien sont réduites à néant.
Les torts sont incontestablement partagés.
M. François Rochebloine. Tout à fait !
M. Roland Muzeau. Non !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. C’est le Hamas qui a rompu le cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 juin dernier, et qui a repris les tirs de roquettes contre le Sud d’Israël.
M. Roland Muzeau. Ce n’est pas vrai !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Israël, de son côté, n’a pas tenu son engagement à user de la trêve pour assouplir le blocus de Gaza et poursuit une politique de colonisation pour le moins critiquable.
Les considérations politiques internes, dans les territoires palestiniens comme en Israël, contribuent à accroître les tensions. Le Hamas persiste dans une position extrémiste de refus : refus du plan d’unité nationale soutenue par le Fatah, refus d’élections législatives anticipées dans les territoires, refus de toute considération humanitaire à l’égard de la population recluse dans la souricière de Gaza.
De l’autre côté, l’approche des élections à la Knesset, le 10 février prochain, provoque incontestablement une surenchère sécuritaire…
M. François Rochebloine. Eh oui !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. …qui a conduit au renforcement du blocus de la bande de Gaza depuis des mois et à une riposte militaire disproportionnée ces derniers jours.
M. François Rochebloine. Tout à fait !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Face à cette situation, il faut à la fois répondre à l’urgence et réfléchir à plus long terme.
M. Loïc Bouvard. Très bien !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. L’urgence, c’est de mettre un terme à un conflit armé qui a déjà tué plus de 900 personnes et fait près de 4 000 blessés. La protection des populations palestinienne et israélienne est une impérieuse nécessité. On ne peut laisser plus longtemps les habitants de la bande de Gaza privés du minimum vital.
Je tiens à saluer ici tout particulièrement les efforts du président Sarkozy et ceux du président Moubarak. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.) Ils ont au moins obtenu un cessez-le-feu de trois heures chaque jour pour le passage de convois humanitaires et l’approvisionnement de Gaza en vivres et en médicaments. De son côté, l’Égypte s’est engagée à renforcer la surveillance de sa frontière avec la bande de Gaza, afin de s’efforcer de mettre un terme à la contrebande d’armes.
Pourtant, il me semble qu’avec l’accord des différentes parties, monsieur le ministre, l’envoi d’une force internationale de maintien de la paix est devenu nécessaire pour garantir un cessez-le-feu réel et durable et permettre à la fois un contrôle effectif de la frontière entre l’Égypte et Gaza et la fin du blocus qui étrangle Gaza.
M. François Rochebloine. Très bien !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Il reviendrait logiquement aux Nations unies de la mettre en place, l’Union européenne ou l’OTAN pouvant éventuellement la conduire sur le terrain. La FINUL a fait la preuve de son utilité au Sud-Liban ; une force de même nature doit pouvoir conduire au même résultat à Gaza.
À plus long terme, il faut obtenir enfin le règlement politique d’un conflit vieux de soixante ans. Pour cela, deux points m’apparaissent fondamentaux. D’abord, même si les méthodes qu’il emploie sont inacceptables, on ne pourra pas progresser sans accepter de discuter à un moment ou un autre avec le Hamas.
M. François Rochebloine. Très bien !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. L’Égypte remplit son rôle d’intermédiaire avec beaucoup de bonne volonté, mais il faudra en venir à des négociations associant directement le Hamas.
Ensuite, ces négociations doivent se placer dans un cadre régional. Depuis le début des opérations militaires dans la bande de Gaza, les pays arabes, à l’exception de l’Égypte, sont restés relativement silencieux, car, s’ils compatissent aux souffrances du peuple de Gaza, le soutien qu’ils apportent au Hamas est pour le moins discret.
M. Jean Roatta. C’est vrai !
M. Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères. Cette prudence me semble traduire leur volonté persistante de résoudre ce conflit par la diplomatie, volonté qui s’est déjà exprimée par l’adoption, en mars 2002, de « l’initiative de paix arabe », proposée par l’Arabie Saoudite, et par sa réactivation en mars 2007.
Une négociation sur la base de cette initiative, par laquelle les États arabes proposaient notamment des alternatives au droit au retour des réfugiés palestiniens, m’apparaît comme le meilleur moyen de parvenir à une solution crédible et durable.
Alors que le prochain président des États-Unis a fait part de sa volonté de se saisir sans attendre de la situation au Proche-Orient, et que la position équilibrée du président Sarkozy fait de lui un interlocuteur reconnu des Israéliens comme des chefs d’État de la région, je veux croire qu’une solution est possible et qu’il faut s’y employer sans relâche et sans a priori.
Notre assemblée s’efforcera d’y contribuer en envoyant dans les prochaines semaines une délégation pluraliste de parlementaires au Proche-Orient. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)